Trop de rues sans noms de femmes

TOPONYMIE.

2%...c’est le chiffre que représentent les femmes dans la toponymie des villages du Médoc. Comme partout en France, peu de rues ou bâtiments publics portent le nom d’une femme cèlèbre, et encore moins d’une femme locale.

Partant de ce constat, une démarche participative a vu le jour au sein des tiers-lieux du Médoc. Elle a pour objectif de sortir de l’oubli des femmes remarquables de notre beau territoire et donner ainsi la possibilité aux jeunes, filles et garçons, d’avoir des représentations symboliques différentes des personnes qui ont fait l’histoire et notamment celle du Médoc.

Suggestions...


Un projet en communs né d’une initiative participative et citoyenne

C’est en juin 2022, lors d’un mardi en Communs*, qu’un atelier participatif et collaboratif sur la place de la femme dans l’espace public a été organisé. Il a permis, entre autres, d’établir un état des lieux sur la toponymie (rues, places, établissements publics) de chaque ville, village où il y a un tiers-lieu en Médoc. Le constat est sans appel : sur 12 communes étudiées 384 portent le nom d’un homme pour 26 femmes, 1054 noms sont issues de la géographie ou de la faune et la flore, et 527 du patrimoine culturel, historique et vernaculaire. A la suite de ce premier atelier, d’autres rencontres en 2023 ont permis de faire éclore le projet Médoc’elles.

Un livret pour mettre en lumière des femmes médocaines remarquables mais pas forcément célèbres…

L’enjeu de Médoc’elles est simple : identifier des femmes remarquables en Médoc afin de les sortir de l’oubli et leur faire de la place dans la sphère publique de nos villes et villages. Telles la Mère Gaillard, tenancière d’un café restaurant à Hourtin, marraine de guerre bien connue des soldats et trouffions ; ou encore Henriette Léontine Lafranque, institutrice à Vendays et Margaux puis féministe locale et nationale. Et pourquoi pas nommer une école en hommage à Jeanne Baudray, maire, femme engagée, récompensée par la Reine d’Angleterre pour services rendus pendant la guerre. Ou encore du nom de Marguerite Guillomance, épouse Coutanceau, qui a été la première formatrice sage-femme itinérante et qui grâce à ses cours et son mannequin “La machine”, a permis de réduire le taux de mortalité infantile. Ce livret Médoc’Elles propose un premier voyage à travers 13 portraits de femmes remarquables, célèbres ou anonymes. Il sort en juin 2024 et sera envoyé à toutes les mairies et bibliothèques. Il permettra de donner des idées aux municipalités pour nommer des rues, des écoles, des lieux publics, etc. Il a été réalisé grâce à diverses ressources en ligne et locales, notamment grâce à la Société archéologique et historique du Médoc, au musée Regards sur le passé, à l'association Los Tradinaires…

Une invitation à découvrir et agir ensemble

Nommer des rues est une occasion de partager le récit de son village, de faire du lien entre anciens et nouveaux habitants, d’échanger des souvenirs et des anecdotes. Nous vous invitons à contribuer à cette réappropriation de l’histoire locale à l’échelle de vos villages, à créer des communs qui contribuent à faire société localement, à mettre en place des temps d’échanges sur le nommage des nouveaux espaces ou des rues, et à provoquer une augmentation significative du nombre de toponymes féminins. Agissons ensemble et honorons notre territoire dans la mixité !

Cet article a été rédigé par  Lucie Legrand, L’Escale tiers-lieu Castelnau-de-Médoc dans le cadre de la rubrique Faire autrement animée par Médoc tiers-lieux - Pôle rural ESS  dans le cadre d’une démarche partagée avec le Journal du Médoc pour faire de l’information locale autrement.

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